A bord de son voilier, Francis Tolan nous écrit ….
Bonjour à toutes et à tous,
Nous sommes le 07 avril 2019 à la position 37°18’ Nord et 34°27’ Ouest, à 550 km des Açores.
Je viens de franchir les 30700 mm soit 56800 km en 249 jours de navigation.
J’ai eu 22 jours de près serré dans les Alizés et la météo est instable avec diverses allures à gérer.
Je viens de lire « Tamata et l’Alliance » de Bernard Moitessier, celui de Loïck Fougeron « Si proche du Cap Horn » et le livre « la Longue Route » est souvent de sortie pour faire des comparatifs.
Bernard et Loïck se connaissaient, ils avaient déjà l’envie de faire un périple par les 3 caps australs, ce fût les deux français engagés dans cette première course autour du monde en 1968 sur les 9 participants.
Ils ont fini de préparer leurs bateaux à couple à Plymouth en Angleterre, lieu de départ de cette course mythique. Ils sont partis ensemble le même jour, ils se sont vite perdus de vue et faute de moyens de communication, ils ne pouvaient pas se joindre. Cependant leurs écrits respectifs relatent l’inquiétude commune sur le sort de chacun.
Loïck partira avec un chat nommé Roulis, malheureusement c’était une chatte qui allait avoir des petits et il réussit débarquer la bête aux Cap Vert à proximité de Mindelo.
Puis Loïck chavira vers Tristan da Cunha avant le Cap de Bonne Espérance et il abandonna la course. Pour la petite histoire, il décida en 1972 de
refaire ce tour du monde inachevé avec son amie Betty et il abandonna dans un combat ultime à proximité du Cap Horn.
Une similitude entre ces deux hommes et nous avec Fanch me paraît significative:
Nous nous connaissions grâce à Voiles Sans Frontières et nous avons fait séparément des missions solidaires avec nos bateaux pour cette ONG au Sénégal dans le Siné Salom.
A l’origine de mon inscription à la Longue Route, nous décidons avec Fanch d’aller le plus loin possible ensemble par solidarité et fraternité. Je pars avec mon chat sans crainte d’avoir une portée de chatons, un peu de traces de griffes à l’intérieur et Navy semble heureux à bord.
Nous avons eu la chance d’avoir de bons moyens de communication avec Fanch afin d’échanger quotidiennement des ressentis, des informations météo, chacun avait ses propres fichiers et nous échangions sur la meilleure route à suivre en fonction surtout des dépressions dans le grand Sud.
Nous avons fait 3 escales techniques et une médicale et à chaque fois nous étions ensemble dans ces arrêts.
La distance maximale entre les deux bateaux a été de 350 mn, nous avons passé le Cap Horn avec 25 mn de différence après 5200 mn de parcourus soit 9600 km.
A la dernière escale médicale obligeant Fanch de s’arrêter, nous avons poussé le luxe d’arriver bord à bord à la marina de Jacaré après avoir parcouru 3500 mn soit 6500 km depuis le Cap Horn.
Cette image de nos deux bateaux pointant l’étrave au Brésil fût un grand moment et elle restera gravée dans nos mémoires.
C’est une grande réussite que nous aurions aimée partager avec Bernard et Loïck. Ce qui n’était pas réalisable de 1968 à 1969 l’est devenu en grande partie de 2018 à 2019.