La pandémie de Covid-19 a eu pour conséquences la fermeture des frontières de nombreux pays et le confinement des équipages en route sur leur bateau, après leur mission au Sénégal.
A l’automne 2019, 7 équipages de navigateurs ont réalisé des missions pour le compte de Voiles sans frontières dans les îles du Saloum, au Sénégal. Comme chaque année, dans la plupart des cas, ces navigateurs entamaient ensuite une traversée de l’Atlantique, direction les Antilles ou le Brésil. Mais avec l’épidémie de Covid 19, la plupart des pays ont fermé leurs frontières, refusant l’accostage de bateaux étrangers. Et même ceux qui sont dans des îles françaises, sont confinés sur leur bateau depuis plusieurs semaines.
C’est le cas de Daniel, sur Nomade, un dériveur de 37 pieds qui a apporté du matériel pour le poste de santé de Diogane et le centre de dépistage de Niodior, ainsi que que des gilets de sauvetage pour les pêcheurs sénégalais. Daniel a également hébergé des membres d’une mission VSF sur le terrain pour le projet « Albinisme ». Il pensait ensuite passer par les îles de Cap vert et rentrer en France par les Açores. Mais les discussions avec d’autres équipages lors du nouvel an à Mindelo lui ont donné envie de traverser. Daniel a donc trouvé deux coéquipiers pour l’accompagner en Martinique, où il se retrouve confiné sur son bateau depuis plusieurs semaines. « On a le droit d’aller à terre, uniquement pour faire du ravitaillement, explique Daniel. Ici il n’y a pas beaucoup de cas mais au supermarché, tout le personnel porte un masque. Comme on ne peut pas être nombreux dans le magasin, il faut faire la queue pendant deux heures, en plein soleil, pour faire les courses. Heureusement pour moi, les plus de 70 ans sont prioritaires, alors je n’attends pas. »
Cuisine, musique , lecture et compagnons de route.
Pour passer le temps, Daniel cuisine, joue de la musique (guitare, djembé et harmonica) et lit. Il ne s’ennuie pas. « Sur un bateau il y a toujours quelque chose à bricoler et je peaufine mes recettes de cuisine ». Les navigateurs du bateau B Fay Karl est mouillé à quelques encâblures « on ne s’est presque pas quitté depuis les Canaries…sachant que j’étais seul à bord, ils ont toujours été de précieux compagnons de route… »
A quelques mètres du bateau de Daniel, se trouve parfois celui des » 4 matelots », qui viennent du mouillage des Anses-d’Arlet jusqu’au port du Marin, de temps en temps, pour se ravitailler. A bord, quatre étudiants en école d’ingénieur. Après leur mission à Moundé sur l’électrification du poste de santé, ils ont traversé l’Atlantique avec deux projets pédagogiques : sensibiliser les lycéens au changement climatique lié à l’énergie et réaliser une enquête sur l’énergie renouvelable. En effet, la Martinique et la Guadeloupe ont pour projet d’être autonomes en énergie d’ici à 2030.
Sensibiliser au changement climatique.
« Nous avons visité plusieurs sites d’énergie renouvelable, raconte Camille, une des quatre matelots. Nous avons pu mener quelques actions de sensibilisation au lycée français de Dakar et ici en Guadeloupe, mais ensuite nous avons dû rester sur le bateau à cause du confinement ».
Sur leur 40 pieds, les Quatre matelots ne s’ennuient pas non plus. Ils poursuivent comme ils peuvent leur enquête par internet et téléphone. « Heureusement on a le droit de nager autour du bateau, on peut aller voir les autres équipages », poursuit Camille.
Pour l’instant les Açores sont fermées aux étrangers. Camille et ses coéquipiers attendent donc le plus tard possible pour revenir vers l’Europe, sans passer par New York comme ils l’avaient prévu.
« Plus on attend, plus on a de chances de pouvoir faire escale aux Açores, explique Camille. Mais on ne peut pas attendre trop longtemps non plus, à cause de la saison cyclonique. Le moral et bon. On se baigne, on bouquine, et on se prépare pour la traversée retour. »
Vous pouvez suivre les 4 Matelots sur leur page facebook et changez d’air grâce à leurs vidéos.
http://4 matelots pleins d’énergie – un projet IMAGO
Toute l’équipe VSF leur souhaite un bon retour avec, pourquoi pas, une petite cerveza au café Sports chez Peter à Horta (Açores), s’ils peuvent débarquer.